Les chevaliers Jedi ont-il un bouton sur le nez?

La vie en rêves – d’Anne-Cécile Moser

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THÉATRE
Lausannoise de 41 ans, elle met en scène Les chevaliers Jedi ont-ils un bouton sur le nez?
au Petit Théâtre. Portrait.
Anne-Cécile Moser n’a jamais quitté le monde de l’enfance. Comédienne et metteuse en scène, cette Lausannoise de 41 ans fabrique sa vie avec des petits bouts de rêves et se nourrit de ludisme onirique. Cela se retrouve dans son jeu et dans ses réalisations. Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles: l’expression lui sied parfaitement.
Diplômée du Conservatoire de Lausanne, Anne-Cécile Moser a tôt fait de rencontrer des gens à la mesure de sa fantaisie. Elle croise le metteur en scène Matthias Langhoff dès son arrivée au Théâtre Vidy-Lausanne en 1989. Dans le registre «Je démolis et je reconstruis, si je veux», on ne trouve pas mieux. Elle a du caractère, une personnalité et des désirs qui font bouillonner ses neurones et ceux des autres. On la retrouve avec Dominique Pitoiset et Gianni Schneider, puis avec Omar Porras, du Teatro Malandro. Idéal pour mettre en valeur ce cœur en feu.
Dès 2003, elle fonde sa propre compagnie, travaille en parallèle avec Robert Bouvier (Lorenzaccio), Martine Paschoud (Le conte d’hiver) et Benjamin Knobil (Les hamsters), met en scène le solo de Véronique Montel (Bernard), avant de s’attaquer à cette audacieuse aventure des Chevaliers Jedi ont-ils un bouton sur le nez?, vécue en collaboration avec l’auteur jurassien Camille Rebetez (32 ans).

Un voyage imaginaire
Le spectacle est né de la double confiance du Théâtre Am Stram Gram, à Genève (où il a été créé en septembre dernier) et du Petit Théâtre, à Lausanne (où il se joue jusqu’au 31 décembre). «L’idée de base, explique Anne-Cécile Moser, était d’évoquer une petite fille mal dans sa peau, dans sa chambre, et qui entreprend un voyage imaginaire. Camille et moi avons mélangé nos univers, on a sorti ce qu’on avait dans nos poches et travaillé de manière fragmentaire. Je lui amenais un dessin, lui un bout de texte, par exemple. Nous avons dialogué ainsi depuis l’automne 2008. »
Sur scène, on retrouve tous ces étonnants dessins, mis en animation par Claude Barras et projetés sur les éléments du décor. Le texte, lui, mélange contes de fées et références contemporaines, de Facebook au réchauffement climatique, en passant par la Loterie Romande! «Il est plus concret que moi, qui aime les choses métaphoriques. » L’alchimie fonctionne: le spectacle se révèle à la fois iconoclaste et touchant.
Pour évoquer cette petite fille qui va devoir bientôt quitter l’enfance et découvrir un monde plus compliqué, Anne-Cécile Moser a composé une distribution idéale. «Ce sont des acteurs messagers, comme le dit une amie, la comédienne Madeleine Assas. Ils ont pris le projet et les enjeux à bras-le-corps. » Des passeurs de rêves.

Le royaume fantaisiste

CRITIQUE
On a rarement vu le jeune public du Petit Théâtre réagir avec autant de spontanéité et de vivacité pendant et à la fin d’un spectacle. Il faut croire que l’histoire de Kiral, 10 ans environ, l’a touché. Cette cousine incertaine d’Alice au pays des merveilles rêve en solitaire dans sa chambre.
Le problème, c’est que les merveilles tournent parfois au cauchemar…Sa mère batifole à l’extérieur tout en surfant sur jecherchelamour.com. Son père est « surbooké » et lui envoie des vidéos pour lui marquer son affection. Son grand-père adoré, lui, est au royaume des vers de terre. Bien mort, mais si présent dans son esprit. Reste une baby-sitter fluette en habits fluo qui l’abandonne plus qu’elle ne s’en occupe.
Comédienne d’expérience, Anne-Catherine Savoy se glisse dans la peau de Kiral avec la malice boudeuse adéquate. Valérie Liengme, Véronique Montel, Pierre-Isaïe Duc et Lionel Frésard l’entourent judicieusement dans une scénographie et une mise en scène pleines de fantaisie et incroyablement spectaculaires dans ce petit lieu.
Lausanne, Petit Théâtre, jusqu’au 31 décembre. Durée : 1h10. Dès 7 ans. Loc : 021.323.62.13

Michel Caspary