A quinze ans, je m’inscris au “Coup d’essai” à Lausanne, école crée par Roland Jay, comédien, grand formateur entre autres de journalistes à la RSR, Henry Dès fut l’un de ses élèves. J’étais de la volée “théâtre”, tandis que Pascale Rinaldi et Romaine suivaient en parallèle la volée “chanson”.

A 17 ans, je suis admise en classe professionnelle au Conservatoire de Lausanne, section Art Dramatique.  A 20 ans, en 1987, j’en sors  avec un diplôme en poche.

Durant ma formation, j’ai la chance d’être engagée en qualité de professionnelle aux côtés de Roger Jendly et Michel Rossy dans “Don Quichotte” mis en scène par Michel Grobéty. Dès l’obtention de mon diplôme, j’ai l’opportunité de travailler avec de nombreux metteurs en scène, entre autres, Séverine Bujard, Gisèle Sallin, Gérard, Carrat, Martine Charlet, etc.

En 1989, A vingt-deux ans, après ma lecture “coup de poing” du “Rapport Langhoff”, dossier sur la Comédie de Genève, je “veux” faire la connaissance de Matthias Langhoff ! Je le rencontre un après-midi, il s’en suivra un compagnonnage de trois ans au sein de sa compagnie lors de son trop bref passage à Lausanne au Théâtre de Vidy. Cette rencontre fut unique en son genre et formatrice dans la suite de mon parcours professionnel. Matthias m’a beaucoup appris sur mon métier. Brièvement : qu’est-ce qu’un comédien de l’école allemande ? Qu’est-ce qu’un metteur en scène ? Comment nourrit-il son processus artistique? Comment élabore-t-il un projet, comment lui donne-t-il forme?
Matthias est un visionnaire, chaque spectacle est davantage qu’une création, qu’une simple mise en scène d’un texte. Par son approche si personnelle et globale, il répondait à mon désir d’un théâtre “total” où textes et images s’imbriquent pour créer du “sens”. Scénographie, lumière s’enchevêtraient autour d’acteurs mettant en jeu, en scène, le texte de manière si “concrète”, dans un travail d’équipe et d’artisans. Il était “partout” dans le théâtre, de l’administration en assumant tous les “étages” de la création, costumes, scénographie, lumière, maquillage.
A son contact quotidien, j’ai appris cet amour du plateau et l’exigence qu’il impose. Auprès de lui, je fus à tour de rôle, assistante, accessoiriste, et comédienne. Trois spectacles marquants: “Mademoiselle Julie” d’August Strindberg (1988-1990), “Mission-Perroquet vert” de Heiner Muller et Arthur Schnitzler (1989), “La duchesse de Malfi” de John Webster (1991) , et “L’otage de Breden Behan” de Charlie Nelson (1991), créations accompagnées de nombreuses tournées à l’étranger, de voyages…

S’est ensuite ajoutée à cette expérience fondatrice, Le Malandro avec Omar Porras.
Durant cinq ans (1997-2002), training corporel, jeux vocaux se sont multipliés permettant à cette part de moi-même si prédominante enfant, de s’exprimer. Le corps ici est “incarné”. Dans une danse, une gestuelle poétique il s’exprime, il vit, il explore. Durant mon enfance, peu scolarisée, j’ai toujours été “bricoleuse”, je construisais beaucoup de mes mains, peinture à l’huile, confection de marionnettes, dessins multiples et autres créations donnant une place privilégiée à mon imagination vagabonde et féconde.
Omar a su canaliser et mettre à profit cette expérience dans ses spectacles. Cette part créative qui était en moi m’a permis de créer mes personnages comme mes dessins, dans un rapport à l’espace, aux lumières, aux couleurs, comme si j’étais dans un univers en trois dimensions.
Grâce à lui, de comédienne, je suis devenue petit à petit une “collaboratrice artistique”. Créations et tournées internationales avec “Noces de Sang” de Federico Garcia Lorca (1997-2000), “Bakkhantes” d’Euripide (1999-2001), “Ay! Quixote ! “d’après  Don Quichotte de Miguel de Cervantès (2001-2002) .

Ces deux grands metteurs en scène m’ont permis de voyager de par le monde grâce à mon métier : Bogota, Londres, Paris, Milan, la France, le Japon, l’Allemagne, le Canada, la Tchéquie en passant par les plus grands festivals dont celui d’Avignon à plusieurs reprises…

En 1996 au Théâtre de Dijon, je retrouve Dominique Pitoiset, professeur lors de ma formation, il monte “Le Procès” de Franz Kafka, création pour le Festival d’Avignon. Spectacle qui tournera en France et pour la première fois depuis La révolution de Velours, en Tchéquie. La rencontre avec son univers et celui de Kafka m’ouvre un nouvel espace dramaturgique fort et poétique.

De retour en Suisse romande, régulièrement, je joue pour Martine Paschoud, metteure en scène fidèle, dans “Cendrillon” (1991) de Robert Valser, “L’heure bleue ou la nuit des pirates” de Matthias Zschokke (1992), “Blanche-Neige” (1995), “Le conte d’hiver” de William Shakespeare (2003-2005).

Je joue aussi Max Frisch dans “Andorra” avec Le Théâtre de l’Organon (1995). Enceinte, j’interprète La grande prêtresse dans “Penthésilée” d’Heinrich Von Kleist mise en scène par Armand Deladoey (1993). Sir Toby dans “La nuit des rois” de William Shakespeare mise en scène par Andréa Novicof (2002).

Et tant d’autres, et tant d’autres…

Parmi les nombreux personnages que j’ai incarnés, ceux qui m’ont certainement le plus habité restent Groucha, rôle principal dans “Le cercle de craie caucasien” de Berthold Brecht, proposé par Gianni Schneider (1997)  Hermione, dans “Le conte d’hiver”,  Rosita dans “Noces de Sang” et Dionysos dans “Bakkhantes”…

Membre du SSRS (Syndicat Suisse Romand du Spectacle)

Voir aussi
Metteure en scène acmosercie
Metteure en scène hors cie
Enseignante et metteure en scène pour et avec des amateurs
Entretien pour la RTS ” La vie à peu près ” septembre 2021

 
Photo de Nicole Seiler
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